Login

Disparition des quotas à l’horizon 2015 L’heure des choix

Le projet de Loi de modernisation agricole a été adopté par le Sénat le samedi 29 mai dernier. Il comprend, entre autres, un volet rendant obligatoires les contrats entre industriels et les producteurs. Pour adapter la loi et la contractualisation aux attentes des acteurs de la filière, le Sénat a renforcé le rôle des interprofessions, pour qu'elles proposent des contrats-types et des clauses-types applicables dans chaque secteur (volumes, caractéristiques des produits, modalités de collecte, de livraisons, de paiement etc....). Ces décisions nous amènent à diffuser une étude publiée l'hiver dernier par l'Institut de l'élevage, l'Inra et l'Esa d'Angers. Ils ont cherché à préciser l'impact de la suppression des quotas et la mise en place des contrats sur le niveau de production laitier et la répartition géographique des élevages.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.


« L’incitation à produire du lait en contrat B dépend principalement
de la méthode de fixation du prix (variable ou fixe) et des
substitutions possibles entre productions agricoles. »
 (© Terre-net Média)
L’Institut de l’élevage, l’Inra et l’Esa d’Angers ont cherché à évaluer l’impact de la suppression des quotas et la mise en place de contractualisation entre producteurs et industriels en élaborant un modèle prédictif. « Le modèle permet de représenter précisément la complexité productive de l’exploitation agricole. Le postulat de départ est que l’éleveur cherche dans tous les cas à optimiser les activités pour maximiser son revenu, notamment l’EBE », expliquait Baptiste Lelyon (Institut de l’élevage), le 2 décembre dernier lors des Rencontres 3R.

Le modèle développé permet de simuler le comportement de production des éleveurs laitiers en réponse à la mise en place d’un régime particulier de contractualisation entre les producteurs et les industriels.

Objectif : maximiser le revenu de l’éleveur

« Cette communication discute des implications productives et économiques de la mise en œuvre d’un système de contractualisation (producteur / transformateur) du type double volume (contrats A et B) et double prix (prix inférieur pour le contrat B) » résumait le spécialiste de l’Institut de l’élevage.

Dans le détail, le modèle, utilisé pour quatre cas types, cherche avant tout à maximiser le revenu de l’agriculteur, « tout en tenant compte d’un ensemble de contraintes » (réglementaires, structurelles, zootechniques, agronomiques et environnementales).

Contrat A ou B, à prix fixe ou variable

Le projet de loi de modernisation de l'agriculture a été voté par le Sénat en première lecture le 29 mai dernier. Les sénateurs ont adopté l'obligation de contrats de vente écrits entre producteurs et industriels pour lutter contre la volatilité des prix agricoles et la fluctuation des revenus des agriculteurs.

Pour en savoir plus :

- Au Sénat/Lmap - Le Sénat vote l'obligation de contrats écrits producteurs/industriels

- Retrouvez toutes les réponses de Bruno Le maire au T'chat spécial Lma 

Ainsi, différentes options s’offrent à l’éleveur. Il peut en effet opter pour un volume de production fixe lié à un prix fixe (Contrat A, 280 €/t) lié à son quota historique.
Il peut également produire au-delà de ce volume (Contrat B), dans la limite de 30 % du quota historique, mais à un prix inférieur, soit volatil (S1) soit fixe (S2) de 200 €/t.

« Dans le scénario S1, on considère qu’une augmentation de 1% de production provoque une diminution de x % du prix du lait en contrat B que l’on appelle coefficient d’élasticité. »
Pour représenter les contraintes de l’élevage, cinq éléments ont également été intégrés dans le modèle :

Tout d’abord, le rationnement des animaux est déterminé en fonction des besoins nutritionnels et de la valeur des fourrages et concentrés.
Ensuite, la production laitière est variable selon chaque animal.

Par ailleurs, deux unités de calcul distincte (ha et kg) ont été mises en place, « afin de prendre en compte la multi-production potentielle de la prairie : pâturage, foin ou ensilage d’herbe ».
De plus, les variations saisonnières vont également influent sur la valeur alimentaire de l’herbe ; elles permettent en outre d’intégrer la contrainte de main d’œuvre…
Enfin, le rendement des cultures varie selon les quantités d’azote apportées.

Reproduire un comportement collectif

Dans le scénario S1, le coefficient d’élasticité permet surtout de reproduire un comportement collectif à l’échelle individuelle : « ainsi, les éleveurs anticipent le fait qu’une augmentation de l’offre provoque une diminution du prix et ajustent en conséquence leur niveau de production ».

Dans le scénario S2, le volume de lait vendu en contrat B est plus important qu’en S1. « En effet, les éleveurs sont assurés d’avoir le même prix quelle que soit la quantité de lait vendue. Dans ce cas, l’effet d’une surproduction sur les prix n’est donc pas pris en compte et cette option permet une hausse significative de l’EBE par rapport au scénario S1. »

À la recherche de la combinaison optimale

Les différentes options sont évidemment liées entre elles : ainsi, la production de lait en contrat B dépend du niveau de prix du lait payé en contrat A.

Mais le niveau de production de lait en contrat B varie également en fonction de l’équilibre des prix relatifs des autres productions présentes sur l’exploitation : en effet, l’éleveur peut choisir d’augmenter ou de réduire le volume de lait produit en contrat B si une autre production est tour à tour moins, ou au contraire, plus rémunératrice.

« On se rend compte que le prix du lait en contrat B n’est pas identique pour tous les élevages car il représente pour chacun d’entre eux la combinaison optimale prix/quantité permettant de maximiser l’EBE » détaillait Baptiste Lelyon.

Pour aller plus loin : www.inst-elevage.asso.fr.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement